L’hospitalité ne peut avoir lieu qu’au-delà d’elle-même, au-delà de l’être, sur le seuil où elle se paralyse
Hospitalité, volume 1, p47
La loi des lois de l’hospitalité, c’est que l’hôte doit être le maître chez lui. Il ne peut s’ouvrir à l’autre comme étranger que s’il est assuré de sa souveraineté sur l’espace et les biens qu’il offre. Il faut que son “être chez lui”, son “être soi-même” soit respecté pour qu’il puisse s’adresser à l’autre en lui disant : Fais comme chez toi. Cette réaffirmation de l'”être soi chez soi” est une limite indépassable de l’hospitalité. Ce qui arriverait au-delà de ce seuil d’identité, nous ne pouvons pas le savoir. L’hospitalité se trouve prise dans une double contrainte, un double bind. D’un côté, en-deçà de ce seuil, elle doit s’arrêter, s’immobiliser. C’est la paralyse1. Mais d’un autre côté, en tant qu’hospitalité, elle doit la franchir. Dans cette contradiction ou aporie, c’est l’être même de l’hôte (son ipséité, sa subjectivité, sa maîtrise virile) qui est en cause, et aussi l’être de l’hospitalité. Elle ne peut jamais se présenter comme telle, être présente à elle-même. Si elle advient, c’est au-delà de l’être là où l’impossible a lieu, epekeina tes ousias.
Ce lieu, c’est celui où la différance finie est aussi infinie (p56).
- comparable à celles de Freud ou de Blanchot. ↩︎